Quand on aime on compte ?
Dépenses, dettes, acquisition, gestion… Selon que vous êtes marié, pacsé ou en concubinage, les règles diffèrent. Maîtrisez-les pour éviter toute tension dans le couple.
Les dépenses du quotidien doivent impérativement être partagées de façon égale.
Il est fréquent que les couples décident de diviser par deux toute dépense commune, quel que soit le niveau de rémunération de chacun. Cette façon de faire, en apparence égalitaire, n’est toutefois pas équitable. Avec le temps, la situation peut devenir explosive en cas de différence de revenus. L’un pourra effectuer nombre de dépenses personnelles tandis que l’autre ne pourra rien s’offrir. L’idéal est peut-être de fixer une participation au prorata du niveau de revenus. Si monsieur gagne deux fois plus que madame, il contribue deux fois plus aux dépenses communes. C’est d’ailleurs ce que prévoit la loi pour les époux (art. 214 du Code civil) qui doivent contribuer aux charges du mariage « à proportion de leurs facultés respectives ». Idem pour tous les couples en présence d’enfants, chacun des parents doit contribuer à leur entretien et à leur éducation « à proportion de ses ressources… » (art. 371-2 du Code civil). Mais en définitive, chacun décide, dans l’intimité de son couple, des contributions respectives aux dépenses liées au logement (loyer, électricité, eau, charges de copropriété, femme de ménage…) et aux enfants (frais de scolarité, activités sportives, vêtements…).
Les dépenses courantes sont toujours considérées comme des dettes communes
Si le couple vit en concubinage, les factures liées au logement (loyer, électricité, eau, charges de copropriété, femme de ménage…) et les dépenses liées aux enfants (frais de scolarité, activités sportives, vêtements…) ne sont pas des dettes communes.
Pour le règlement des sommes dues, chacun des créanciers (fournisseur d’électricité, Internet…) ne peut s’adresser qu’à celui avec qui il a traité et signé le contrat de vente. Pour les couples mariés ou pacsés, les règles sont différentes. Les dépenses qui portent sur « l’entretien du ménage ou l’éducation des enfants » (article 220 du Code civil applicable aux couples mariés) ou « les besoins de la vie courante » (article 515-4 du Code civil applicable aux partenaires de Pacs) engagent les époux et partenaires solidairement. En conséquence, en cas de non-paiement de ces dettes, un créancier pourra réclamer à l’autre l’intégralité de la somme due en faisant, si nécessaire, saisir les biens que celui-ci possède personnellement.
Sous le régime de la communauté de biens, il importe peu de savoir qui a financé tel ou tel bien.
Plus de 80 % des couples mariés n’ont pas signé de contrat de mariage et sont soumis au régime de la communauté réduite aux acquêts. Ce régime organise une solidarité entre les époux ; tout ce qui est acheté en cours d’union avec les économies du ménage est commun. Il importe peu de savoir quel époux a financé l’achat. Attention, si le bien est acheté avec des fonds provenant d’un bien propre et que l’époux ne souhaite pas qu’il tombe dans la communauté, il doit faire une déclaration de remploi. De même, en cas de construction d’une maison sur un terrain appartenant à l’un des époux. Celle-ci deviendrait l’unique propriété du détenteur du terrain. L’autre ne détiendrait qu’une créance lui permettant d’être dédommagé en cas de divorce par exemple, ce qui peut créer des difficultés. Dès le départ, une solution plus équilibrée peut être envisagée avec l’aide du notaire.
Concubinage, pacs, mariage sous le régime de la séparation de biens, mieux vaut indiquer dans l’acte d’acquisition les contributions réelles de chacun.
Il serait imprudent d’acheter un bien immobilier en indivision égalitaire, où chacun possède 50 % du bien, si cela ne correspond pas à la réalité. Car si un seul contribue au remboursement du prêt immobilier par exemple, il lui sera difficile au moment de la séparation de le faire valoir. Mieux vaut quantifier les quotes-parts de chaque concubin, partenaire ou époux dans l’acte d’acquisition, en fonction des contributions financières réelles (apport, remboursement du crédit, travaux, etc.). De même, en cas d’importants travaux sur le bien au cours de l’union, tels qu’une piscine, une extension, etc., il est préférable que chacun y contribue à proportion de sa quote-part. Si ce n’est pas cas, il faut conserver les preuves des dépenses supportées pour le faire valoir en cas de séparation.
Chaque époux peut gérer seul les biens communs.
Chacun a le pouvoir d’administrer seul les biens communs et d’en disposer (art. 1421 du Code civil). Concrètement, cela signifie qu’un époux peut donner un appartement commun en location, encaisser les loyers, résilier le bail, vendre un véhicule… Certains actes nécessitent toutefois l’accord des deux époux. Il s’agit des donations de biens communs, de la vente de biens immobiliers, de parts sociales, de fonds de commerce par exemple. Enfin, le logement familial est protégé, quel que soit le régime matrimonial du couple (art. 215 du Code civil). Ainsi, les époux ne peuvent, l’un sans l’autre, vendre ce bien et le mobilier qu’il contient, y compris s’il s’agit d’un bien propre à l’un des époux.
Quand un crédit a été souscrit à deux pour acquérir une voiture, seul celui qui est propriétaire du véhicule peut être poursuivi par la banque.
Si vous avez contracté un crédit à deux, celui-ci vous engage solidairement que vous soyez marié, pacsé ou en union libre et ce, quel que soit l’usage que vous ayez fait de cet argent. La banque qui a exigé que vous soyez coemprunteurs peut donc exiger le paiement des mensualités à l’un ou l’autre. Il en va ainsi même si vous vous séparez et que votre conjoint prend par exemple en charge le prêt (parce qu’il conserve la voiture sur laquelle porte l’emprunt).
La règle est identique
en matière de compte joint.
Une très grande majorité des couples possèdent un compte joint. Pas surprenant, son usage est très pratique au quotidien. Attention, vous pouvez être tenu de régler l’intégralité de la dette en cas de solde débiteur que vous soyez marié, en pacs ou en union libre. Par ailleurs, gardez à l’esprit qu’il n’est pas obligatoire de mettre tout son argent en commun. Des conflits peuvent naître de cette pratique. Le plus économe pourrait juger une dépense de son conjoint inutile, celui qui a des revenus moindres pourrait culpabiliser à chaque dépense personnelle… En versant sur le compte joint seulement les sommes destinées aux dépenses du foyer (dans l’idéal en proportion de ses facultés), l’argent résiduel, conservé sur des comptes personnels, peut ainsi librement être géré. Dans tous les cas, en cas de séparation, il faut penser à clôturer le compte.
Mariage, pacs, concubinage, quelle
que soit l’union, le couple est soumis
à une imposition commune.
Les concubins sont imposés séparément
sur le revenu. En revanche, les autres couples sont soumis à une imposition commune. À partir des revenus de l’année de leur mariage ou de leur Pacs, ils doivent en effet effectuer une déclaration commune, sauf la première année, où ils peuvent opter pour une imposition distincte. Après simulation sur le site impots.gouv.fr, s’il s’avère que l’imposition commune n’est financièrement pas intéressante, mieux vaut conserver, pour cette année-là, l’imposition séparée. Chacun fera sa propre déclaration et l’impôt sera réclamé personnellement à chacun des époux ou partenaires. En revanche, les années suivantes, pas le choix, l’imposition commune s’impose, sauf exception.